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Air France & Auvergne Rhône-Alpes : un partenariat stratégique et durable

Entretien avec Stéphane Lamarrigue, Directeur Régional Air France

Les liens entre l’agence Auvergne Rhône-Alpes Tourisme et Air France sont anciens, forts et productifs, servant largement les intérêts de nos destinations et de notre filière. La réalisation des Rendez-Vous en France 2025 a bien sûr consacré le rôle international de la compagnie et sa capacité à faciliter le volet promotion de nos destinations, mais aussi son attachement à notre marché local comme l’illustre le partenariat avec l’agence régionale pour promouvoir la Vallée de la Gastronomie.

Nous vous proposons de retrouver dans cette interview de Stéphane Lamarrigue, la vision et les tendances qui s’affirment pour les années à venir… mais aussi l’hyper-actualité des nouveautés et enjeux à traiter, pour continuer de proposer une offre de référence illustrant la culture d’Air France, « notre compagnie nationale ».

Quelle est votre synthèse des 4 années qui viennent de s’écouler depuis la crise Covid ?

C’est un exercice intéressant car en prenant mes fonctions en 2021 à Lyon, la compagnie reprenait ses vols petit à petit. Avec une activité extrêmement limitée, nous avions des chiffres d’affaires qui interrogeaient la reprise : comment sortir de cette situation ?

Aujourd’hui, en 2025, nous avons pourtant la sensation que le Covid fut quasiment une parenthèse, et que ce n’est plus un marqueur ou un élément de référence dans nos pratiques. Nous ne faisons plus de comparatif par rapport à 2021 ou même 2019 : une nouvelle réalité s’est imposée, grâce à la reprise très forte des exercices 2022 et 2023.

Et 2024 fut la bascule, avec tous les segments d’activité qui ont performé (trafic Loisirs, Affaires & Corporate) : l’effet de rattrapage a été marquant, avec notamment une sur-croissance côté loisirs dans la contribution au résultat.

Et les habitudes de voyage ont évolué, avec l’Amérique du Nord qui est devenu un axe majeur depuis Lyon. Notre réseau intra-France et notre hub de Lyon ont joué leur rôle (nos 11 destinations), et la reprise de l’Asie et de la Chine en particulier ont aussi renforcé cette reprise générale. Le dynamisme du long courrier est un moteur évident de cette nouvelle situation.

En quoi la « place de Lyon » constitue-t-elle une réalité singulière pour Air France ?

Lyon, c’est une plateforme unique en France, cumulant l’offre « classique » d’aéroport du territoire (9 dessertes métropolitaines ainsi que 5 à 6 vols par jour entre notre agglomération et Charles de Gaulle) et la projection vers Amsterdam (dans le cadre de notre alliance Air France-KLM, avec 4 vols par jours). Autant dire que ce niveau de cadencement nous relie directement vers l’Europe et le reste du monde : c’est la force du hub de Lyon.

La spécificité de Lyon, c’est qu’Air France alimente puissamment nos hubs d’Amsterdam et de Paris-Charles de Gaulle… et dans le même temps continue de proposer une offre métropolitaine unique (à l’exception du départ de Paris vers ces mêmes destinations, encore plus étoffé). En développant son produit « Train plus Air », la connexion long courrier est donc rendue possible aussi via le train vers l’aéroport Charles de Gaulle, au départ de l’aéroport de Lyon comme des gares de centre-ville. Ce sont quasiment 10 trains par jour qui renforcent cette connexion vers l’international. Cette plateforme est unique, au service de 70 destinations immédiatement accessibles via l’offre Air France-KLM.

Dans la séquence post-Covis, la question d’une offre de mobilité aérienne durable et décarbonée se pose avec insistance : comment intégrez-vous cette nouvelle exigence ?

Notre action développe 4 axes majeurs autour de la trajectoire de décarbonation d’Air France. Le 1er est à la fois le plus facile et le plus exigeant en termes de ressources financières, c’est le renouvellement de la flotte. La compagnie investit énormément dans ce renouvellement, avec l’achat d’avions de nouvelle génération comme les Airbus A350 et A220 (qui représentent déjà 40% de l’ensemble de notre flotte, avec l’objectif de 80% à l’horizon 2030).

Ces avions consomment en moyenne 15 à 25% de carburant en moins que les avions remplacés, et performent donc avec de moindres émissions de CO2 tout en proposant un produit neuf et plus qualitatif pour nos clients.

Le 2ème pilier est l’utilisation de carburants d’aviation plus durables, connus sous l’acronyme anglais SAF (Sustainable Aviation Fuel). Sur l’ensemble de leur cycle de vie, ils émettent environ 80% de CO2 en moins que du kérozène conventionnel. En effet, de l’extraction à la production (la combustion ne modifiant pas ce résultat), le travail sur les résidus organiques, majoritairement des huiles de cuisson usagées, garantit ce résultat sur la durée. L’objectif du mandat en cours consiste à incorporer 2% de SAF sur les vols Air France au départ de la France, et notre trajectoire de décarbonation vise les 10% à horizon 2030. C’est un objectif très, très volontariste qui se lit aussi dans nos achats de SAF au niveau mondial (pour les incorporer sur notre flotte) : alors que notre alliance Air France-KLM consomme 3% du kérozène mondial, nous achetons plus de 16% de tout le SAF produit dans le monde. Ça illustre notre engagement sur ce 2ème pilier, qui va monter en puissance et changer la donne de notre trajectoire.

Le 3ème pilier de décarbonation s’articule autour des des mesures opérationnelles pour limiter la consommation de nos avions, avec notamment l’éco-pilotage privilégiant des trajectoires de vol optimisées. Pour le dire simplement, les pilotes sont invités à limiter leur descente par palier (avec remise de gaz nécessaire pour se restabiliser) pour privilégier une descente continue, lorsque les tous les acteurs ainsi que les contrôleurs aériens sont associés. Les commandants de bord Air France sont hyper-motivés pour ajuster leurs pratiques, sans jamais mettre en tension les impératifs de sécurité des vols.

D’autres mesure sont mises désormais en pratique, comme le roulage avec un seul moteur (puis l’arrêt complet des 2 moteurs et le branchement rapide sur le réseau électrique de l’aéroport pour le volet climatisation, etc.). Au final, toutes ces mesures permettent d’économiser 5% de consommation de carburant.

Enfin, le 4ème et dernier pilier concerne l’intermodalité, avec une forte diminution de notre impact CO2 pour nos trajets intra-France (la solution « Train + Air » notamment).

L’objectif final est de réaliser une économie de 30% d’émissions de CO2 par kilomètre/passager d’ici 2030 (par rapport à la référence 2019).

Fort de cette trajectoire et ces engagements, comment dessinez-vous les enjeux immédiats ?

Clairement, nous bénéficions d’un résultat 2024 qui est le produit d’une belle année en tourisme, certainement soutenue par les JOP de Paris. Ce coup de projecteur, réussi et majeur sur la destination France, permet désormais de travailler sur des sujets opérationnels. Avec des Jeux qui se sont extrêmement bien déroulés, Air France a fait la preuve de sa capacité à bien gérer des situations complexes, avec un afflux concentré de personnes et de bagages. 

Pour l’analyse du seul résultat financier, nous avons noté un petit effet d’évitement de la destination Paris sur l’ensemble de l’année. Cela signifie que l’année 2024, déjà solide, peut être prolongée en 2025 par des résultats et une fréquentation meilleure encore, en capitalisant sur la vague de ces JOP de Paris réussis. Air France-KLM a donc des ambitions élevées pour l’exercice en cours, se traduisant déjà par 5% d’offres nouvelles en plus (nouvelles destinations par rapport à l’année dernière). La compagnie continue à croître, et cette croissance va être portée aussi par des renouvellements de produits : c’est bien de mettre des sièges en vente, mais c’est mieux s’ils sont agréables et traduisent une expérience nouvelle sur nos vols.

Nous avons dévoilé récemment un nouveau fauteuil dans la cabine Premium (avec mise en avant sur le salon Rendez-Vous en France notamment), ainsi que nos nouvelles Suites. Il s’agit d’une avancée sur cette offre en version Luxe, et nous allons déployer le Wifi gratuit à bord. Il suffira d’avoir un compte chez Flying Blue et ce sera accessible mécaniquement.

Côté confort, nous lançons aussi le surmatelas (avec la technologie Sofitel) qui est très apprécié par la clientèle : la sensation de « dormir comme sur un nuage » nous va très bien !

Pour revenir sur notre extension d’offres, nous avons ouvert Salvador de Bahia, Manille, le Kilimandjaro, Tirana… et les vols vers Orlando, Riyad arrivent dans les semaines à venir.

Le long courrier, avec l’Amérique du Nord en moteur puissant (Canada comme USA), est un enjeu que nous traitons donc avec plus de sièges à la vente, des produis toujours meilleurs, de nouvelles destinations : notre challenge consiste à aller séduire ces voyageurs pour remplir cette capacité nouvelle mise à disposition.

Et Lyon conserve sa place, avec une offre et une consommation stables côté Air France-KLM… et un développement fort de sa petite sœur Transavia (avec 35 destinations desservies, au départ de Lyon). Cette complémentarité garantit ainsi de nouvelles destinations loisirs au départ de Lyon, tout en confortant nos vols vers et à travers le monde.

Côté Incoming pour les visiteurs et touristes de notre région, avez-vous des tendances aussi à nous partager ?

Sans avoir de bilan finalisé (à date) pour cet hiver 24-25, ce qui est marquant, c’est la sur-représentation, toujours en croissance, des Brésiliens et des nord-Américains. Ces vols sont très établis, en adéquation avec l’envie chez ces clientèles de consommer l’offre alpine pour les sports d’hiver (notamment avec le all-include du Club Med et la montée en gamme de l’hébergement en station). Ces clientèles se reconnaissent dans cette expérience à vivre dans les Alpes françaises, et nous avons une place prééminente pour réussir leur transport vers notre région.

Les visiteurs provenant des pays nordiques sont aussi en hausse, devant l’Asie. Et pour tout dire, nous constatons d’ailleurs que le dynamisme des vols avec les pays nordiques se lit dans les 2 sens (Lyon comme destination et porte d’entrée de la région, et au départ de Lyon). Notre partenariat Air France & KLM est particulièrement complémentaire, avec un réseau et des vols qui soutiennent ces échanges avec la Scandinavie. Peut-être y-a-t-il un lien à faire avec les nouvelles envies et imaginaires post-Covid, voire avec des tendances intégrant le réchauffement climatique. Nous accompagnons ce mouvement avec de nouvelles destinations ouvertes récemment (Rovagne, Mikhirouna, Tromseu, etc.).

Je constate aussi plus de déplacements entreprises, sur l’activité Corporate.

Est-ce que le dispositif du hub lyonnais d’Air France bénéficie d’un environnement porteur (marché du travail, écosystème, partenaire technique) ?

Comme je le dis souvent, nos clients Air France sont aussi les clients des aéroports Vinci de la Région : nous avons tout intérêt à travailler le plus possible main dans la main avec leur expertise et leur solution Aéroports de Lyon. La réouverture du terminal 2 va garantir une expérience de voyage encore plus marquante et qualitative.

Pour la production « interne » de nos prestations, nous devons évidemment avoir des équipes staffées, et je constate que ce sujet de l’attractivité de nos métiers Air France n’est pas en tension. L’attractivité de la marque employeur Air France n’est d’ailleurs pas un sujet : dès que nous ouvrons une offre d’emploi, d’alternance, de stage, nous avons un nombre énorme de candidatures. Cette situation est en décalage avec le marché du tourisme plus largement, nous en bénéficions pour le moment (y compris sur des métiers techniques comme les mécaniciens). Mais ce courant n’est pas un acquis : nous le travaillons aussi avec une présence sur différents forums (EM Lyon, Tech&Fest, etc.) pour en faire la promotion auprès des étudiants de la région.

Ce travail (et la puissance de la marque Air France, avec un positionnement haut de gamme et « ambassadeur » de notre pays) se perçoit d’ailleurs dans le fait que nous apparaissons dans le TOP 10 des entreprises préférées des étudiants (notamment Ecoles de commerce et Ecole d’ingénieurs). L’image d’Air France est forte auprès des candidats éventuels à nos offres de travail, relayée aussi par notre présence sur des évènements culturels locaux.

Cette image se travaille et se renforce par des actions et des preuves : au-delà de ce que véhicule Air France en terme d’imaginaire, nous travaillons à la qualité de la prestation offerte, en privilégiant des axes de l’identité française comme la gastronomie à bord. C’est extrêmement important. Nous allons jusqu’à faire signer par des Chefs Français étoilés nos menus en Business et en Première, et à leur proposer de nous inspirer pour l’ensemble de nos services de restauration. C’est une différence que nous faisons avec nos concurrents, et nous remercions évidemment Anne-Sophie Pic ou Régis Marcon (entre autres) pour leur collaboration. Ces acteurs, que l’on retrouve sur la Vallée de la Gastronomie (programme support de notre partenariat avec l’agence Auvergne Rhône-Alpes Tourisme), nous poussent aussi à associer gastronomie et vins. Nous avons d’ailleurs repris une vieille tradition Air France en baptisant nos avions par des noms de villes emblématiques de l’histoire de l’aéronautique… et de la culture française. Le dernier en date : Mâcon… et vous comprendrez notre logique si je vous dis Chardonney, Sancerre, Gevrey, Chambertin, Nuits Saint-Georges… Avec ces noms sur leur carlingue, ces citations de nom de communes et de cépages valorisent le patrimoine gastronomique français, de façon évidente. A bord de nos avions, notre chef sommelier, Xavier Tuizat, a concocté une toute nouvelle carte des vins qui renforce encore la présence des vignobles français.

Tous ces éléments sont alignés avec notre logique d’association avec la Vallée de la Gastronomie : cette destination d’excellence et de variété, qui autorise un voyage culinaire (et de tous les sens) depuis Dijon jusqu’à la Méditerranée, traverse évidemment notre région, pour 60% de son étendue. Air France et les équipes d’Auvergne Rhône-Alpes Tourisme en font la promotion, garantissent une découverte sur nos marchés via des opérations BtoB (en tourisme) comme avec des actions d’influence : c’est une illustration évidente de nos synergies et de nos points de rencontre. Cette collaboration est cohérente avec notre ADN, nos souhaits d’amélioration et notre positionnement autour de l’excellence gastronomique (en vol… aussi !).

D’autre part, notre partenariat historique avec Atout France met en avant la destination France avec cet outil magique (envié parfois par d’autres grands pays touristiques) des Rendez-Vous en France. 

En accueillant le monde (et les régions et professionnels de toute la France) à Lyon, nous permettons à Atout France de prospecter largement sur les grands marchés émetteurs. C’est un partenariat mondial qui se fait avec chaque bureau sur la planète, Air France travaillant avec l’antenne Atout France pour inviter les TO qui leur semblent les plus pertinents. Clairement, cette collaboration (relayée et illustrée aussi en région avec les équipes d’Auvergne Rhône-Alpes Tourisme et OnlyLyon) permet de consolider l’attractivité de nos offres sur l’ensemble de la France… avec une prime pour la région visitée qui accueille l’opération. 

Notre souhait est évidemment de séduire ces professionnels et demain nos visiteurs, pour inciter à voler sur Air France. Tout simplement. Notre effort pour garantir des vols à ces délégations est important, depuis des marchés évidents comme d’autres en devenir. Ces TO et ces délégations expérimentent parfois Air France pour la 1ère fois sur ce trajet et vont aussi nous rencontrer sur le stand Air France (son équipe et sa maquette de nouveaux sièges) : la boucle est bouclée, l’exposition et la qualité d’échanges sont… au rendez-vous !