Malgré la reprise, le secteur hôtellerie-restauration peine à recruter

Le manque d’attractivité de certains métiers s’est renforcé avec la crise

Vichy (03) – Maison Decoret, restaurant gastronomique, 1* Michelin © P. Busser/Auvergne-Rhône-Alpes Tourisme

Le bilan de l’année 1 Covid affiche une perte de 237 000 emplois pour le secteur de l’hôtellerie-restauration. La Dares, rattachée au ministère du Travail, explique ce solde par le fait que 450 000 personnes ont quitté leur emploi, tandis que 213 000 nouveaux employés sont arrivés (contre 436 000 l’année précédente).

Fin juin 2021, 3 salariés sur 10 travaillent dans des entreprises qui signalent un manque de personnel et 1 salarié sur 10 dans des entreprises qui attribuent cette situation au départ non anticipé de salariés placés en activité partielle.

Dares


Placés en activité partielle, certains salariés ont définitivement quitté le secteur hôtellerie-restauration, d’autres ont cumulés leur chômage avec des contrats dans d’autres secteurs, jugés plus sûrs et stables. Les confinements et couvre-feux ont été un long temps d’incertitude et de remise en question, d’envie de changer de vie ou d’apprendre un autre métier, de trouver plus de sens dans son travail. Le manque d’attractivité de certains métiers s’est renforcé avec la crise.

150 000 collaborateurs de l’hôtellerie-restauration ont changé de métier depuis le début de la crise de la Covid.

étude de l’UMIH (Union des métiers et des industries de l’hôtellerie)

Déjà avant Covid, le turnover du secteur de l’hôtellerie et restauration était trois fois plus élevé

La crise a exacerbé la tension et les acteurs du secteur hôtellerie-restauration tirent la sonnette d’alarme. Le gouvernement appelle les employeurs à renforcer l’attractivité de la branche, notamment en augmentant les salaires. Le groupe hôtelier Accor engage une réflexion sur le « lissage des contraintes horaires ». Et Transavia France vient de signer un accord de 100 jours de télétravail par an, pour le personnel d’encadrement et pour les personnels au sol. Après presque 2 ans de crise, offrir la possibilité de concilier travail et qualité de vie personnelle est un argument d’attractivité de poids. Certains candidats ne postulent plus sans la perspective de télétravail. Mais pour les métiers de services, le télétravail ne pourra concerner que très peu de personnes. Plusieurs leviers sont à travailler pour améliorer l’attractivité du secteur : salaires, avantages, qualité de vie au travail, rythmes de travail, formation, fidélisation…

Pour les Français, la faiblesse des rémunérations et des conditions de travail difficiles sont les deux principales raisons qui expliquent la pénurie de main d’œuvre.

Pour 7 Français sur 10, cette situation n’est pas uniquement liée à la crise et va durer.

Institut Montaigne, Les Echos